Teddy Riner

30/11/2020

Article écrit par Mathis et Sezni

Crédit photos : site de Teddy Riner et site du CIO.

« Toujours croire en ses rêves et foncer »

La Fédération Internationale de Judo (FIJ), basée à Lausanne, reconnait Teddy Riner comme le numéro 1 mondial de la catégorie « poids lourds ». Les JO 2024 à Paris seront le dernier rendez-vous de sa carrière. C'est pourquoi nous avons choisi de vous présenter cet athlète.

Présentation du judoka français

Il est né le 7 Avril 1989 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Il a actuellement 31 ans.

Enfant, il aime le sport, il déborde d'énergie et débute le judo à l'âge de 6 ans. Teddy Riner est un judoka français qui est ceinture noire 5ème Dan. Il appartient à la catégorie « poids lourds » de +100 kg. Ses prises favorites sont « Uchi mata », « O soto gari », « Harai goshi »

La morphologie exceptionnelle de l'athlète


Teddy Riner mesure 2,03 m et pèse 140kg (catégorie poids lourds). Malgré son gabarit, il a une morphologie atypique pour un lourd : « Pour ses adversaires, Teddy est un problème. Il a un physique exceptionnel, presque de lourd-léger alors qu'il pèse 130 kilos », constate Roger Vachon, manager général de Levallois, en février 2011.

Teddy est droitier et éprouve des difficultés face aux gauchers. Il l'a démontré lors de quatre défaites sur les cinq qu'il a vécues entre décembre 2007 et février 2008, face à aux gauchers Jean-Sébastien Bonvoisin, Shiny Katabuchi, Yohei Takaï et Yasuyuki Muneta.

Lors des derniers Jeux olympiques, il a également enregistré une défaite en quart de finale face au gaucher Ouzbek Abdullo Tangriev, ce qui illustre ses difficultés à appliquer des attaques sur la gauche.

Kokoro Kageura, également gaucher, parvient à contrer Teddy Riner avec « uchi mati sukashi » et met fin à sa série de 154 victoires en février 2020.

Ses clubs

Il est d'abord licencié au Paris Judo puis il rejoint le Judo Club Bolivar où il est entraîné par Alain Perriot. Après un passage d'un an au pôle espoirs de Rouen lorsqu'il a 14 ans, il intègre l'équipe de France à l'Insep. Il est entrainé par Serge Dyot puis il est préparé par Benoit Campargue, un des coachs nationaux. Il passera également par les clubs de Lagardère Paris Racing et Levallois Sporting Club. Depuis août 2017, il s'entraine au Paris-Saint-Germain Judo. Son entraineur s'appelle Franck Chambily.

Ses victoires

Teddy Riner est le judoka qui a remporté le plus de compétitions internationales dans l'histoire. Le Goliath français qui évolue dans la catégorie des plus de 100kg détient 10 titres de champion du monde, 2 médailles d'or olympiques, 1 championnat du monde par équipe, 5 championnats d'Europe, 4 championnats de France, 2 championnats de France par équipe.

Il est surnommé « Teddy Winner ».

Après dix de victoires, il a enregistré sa première défaite en février 2020 face au Japonais Kokoro Kageura lors du tournoi Grand Slam de Paris organisé par la Fédération française de judo. Ce tournoi est un événement majeur dans le calendrier international du fait de son label « super coupe du monde » (ou super A).

Sa préparation physique

Les entrainements sont rigoureux. Teddy s'entraine 6h par jour. Il se lève très tôt et respecte une hygiène de vie stricte. Il sort très peu et les seules fois où il sort, c'est à la fin d'un championnat du monde.

Le matin, c'est soit la technique, soit du judo pur avec des adversaires. Il commence par un échauffement au sol avec son entraineur puis fait quelques combats de 4 minutes entre partenaires appelés les « randoris ». L'après-midi, c'est de la préparation physique. Il termine sa séance avec un ¼ d'heure de vélo statique.

Il demande toujours conseil à son coach qui l'aide à travailler la technique, la musculation et les renforcements.

Les entrainements peuvent être impressionnants comme le montre une vidéo postée le 28 septembre 2020 où on le voit monter à la corde juste à la force de ses bras. On réalise la difficulté quand on connait les mensurations de l'athlète (2,04m et 148kg).

Le poids est aussi un élément important à gérer pour la réussite de Teddy. Il doit peser moins de 150 kg. C'est un enjeu constant et compliqué pour lui car il adore le sucre depuis tout jeune.

Sa préparation mentale


Dans le succès, la technique n'est pas tout, c'est aussi beaucoup lié à la tête, selon Teddy. « Si l'on va en ronchonnant à l'entraînement, on n'arrive à rien. On ne va pas à l'entrainement pour s'amuser ». Et Teddy ajoute : « Je vais aller à l'entraînement et être meilleur qu'hier. »

La préparation mentale est très importante : 70 % à 80 % du succès sportif viennent du mental. Il faut avoir envie de gagner, c'est plus de la moitié du chemin parcouru.

Et Teddy écoute toujours ce que ses entraineurs lui disent. C'est le défi qui l'anime, qui le fait avancer et il y va étape par étape. Il veut battre des records.

Teddy est suivi depuis l'âge de 4 ans par une psychologue qui l'a aidé très tôt à travailler sur le schéma de compétition pour apprendre à gérer la pression. Il a les mêmes rituels depuis des années quand il est en compétition et il les reproduit au quotidien car cela le rassure et lui permet d'être bien le jour J : par exemple, il a toujours la même façon de faire son sac.

Pendant la compétition, son truc est d'écouter de la musique pour que la pression ne le touche pas.

Dans les compétitions, Teddy n'a qu'une chose en tête, la médaille d'or : « La médaille, elle est là, elle est belle, elle est en or ; mais ne crois pas qu'elle va venir à toi ; c'est toi qui dois aller la chercher, combat après combat. »

Teddy et ses adversaires

« Je pense que je m'entraîne différemment. Je vais chercher les meilleurs car ce sont eux qui vont me faire trouver la solution, qui me font progresser, devenir meilleur » explique Teddy.

Alors il aime affronter sans cesse ses rivaux, il aime les défier, cela fait partie de ses entrainements, même s'il sait que ces adversaires s'appliquent à le décortiquer sous tous les angles.

Et quand il est au repos sur le bord du tapis et que les autres travaillent, il les regarde toujours. Et s'il y a une chose qui lui plaît, il essaie de la refaire, de se l'approprier.

« Je ne veux pas qu'un autre puisse faire mieux que moi » pense toujours Teddy, même s'il a en tête le tournoi de Paris. Ce fameux tournoi, en février 2020, où après 154 victoires consécutives et près de dix ans d'invincibilité, Teddy Riner est tombé. En tentant un Uchi-Mata, la spécialité du Français, Riner s'est fait contrer par le Japonais Kokoro Kageura au troisième tour de la compétition parisienne, où il n'était pas retourné depuis 7 ans.

Un petit contretemps qui, au final, pourrait l'aider dans sa quête d'une troisième médaille d'or olympique. Comme en 2010, l'année de sa dernière défaite en finale des Championnats du monde toutes catégories, sur une décision arbitrale. « Cette finale de 2010 a construit sa personnalité, explique son entraineur. Il a tellement souffert qu'il s'est dit « plus jamais ça ». C'était une telle injustice pour lui qu'il s'est dit qu'il ne laisserait plus jamais la place au hasard. »

Les repérages

Dans sa quête d'une troisième médaille d'or olympique, Teddy Riner ne laisse rien au hasard. Plusieurs mois à l'avance, il se rend toujours au temple du judo où se disputera la compétition olympique. Sur le tatami, il regarde autour de lui pour analyser les lieux, comme s'il y était déjà. L'atmosphère des Jeux est palpable. Prendre des repères fait partie de la préparation pour Teddy.

La préparation et le Covid

La préparation est parfois interrompue à cause des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid. Pour pouvoir continuer à s'entrainer pendant le confinement, il a alors monté une salle de sport éphémère au-dessus de ses bureaux. Il y est allé tous les jours tout seul pour des séances éprouvantes et parfois doublées. Il espère que les JO 2024 de Paris ne seront pas décalés, mais le plus important est la santé de chacun.

Ses valeurs

Il existe un code moral du judo. C'est une façon de vivre, et c'est surtout l'apprentissage de la vie. Le respect de ce code est la condition première, la base de la pratique du judo et Teddy est convaincu qu'il aide aussi beaucoup dans la vie.

Privés de compétitions internationales pour cause de coronavirus, de grands champions de judo comme Teddy Riner sont invités par leur fédération internationale à communiquer sur les valeurs que leur sport véhicule.

Courage, dépassement de soi, respect, sincérité et modestie font partie des valeurs fortes de Teddy. "Je crois que la modestie est une valeur très importante dans ce monde et surtout, quand on a réussi," insiste-t-il.

Ses performances pourraient lui permettre de faire ce qu'il veut quand il le veut. Eh bien non, il continue à écouter ses deux entraîneurs et à être à l'heure à l'entraînement.

Et quand ses entraineurs lui disent : « Non, ce n'est pas bon », il répond : « OK, on va travailler. » Teddy ajoute « C'est du respect et de la modestie. Il faut être correct. C'est comme cela que je peux réussir en compétition. Ce sont des valeurs de base de l'éducation que l'on retrouve dans le sport. Le sport donne des règles, un cadre. On ne peut pas faire ce que l'on veut. Quand on apprend à respecter le cadre du sport, cela a forcément des répercussions dans la vie. »

Sa compétition préférée

Son épreuve préférée, ce sont les Jeux olympiques.

« Les Jeux sont une compétition tellement exceptionnelle, tous les quatre ans, que cela donne envie de se dépasser. C'est le titre ultime. Les JO, c'est aussi une page qui se tourne. Pendant quatre ans, on a mis en place un système avec des entraîneurs. Lorsqu'on arrive à la fin d'une histoire avec ce collectif, on veut terminer de la plus belle des façons. »

En général, dans le judo, les athlètes referment le livre de ces quatre ans et changent d'entraîneur pour les prochains JO. Teddy a, lui, exigé de garder les mêmes.

Teddy Riner est en quête d'un nouveau sacre car son objectif est de décrocher une troisième fois l'or aux JO pour entrer seul dans l'histoire du judo français.

Et les JO 2024 à Paris seront le dernier rendez-vous de sa carrière, il sera alors âgé de 34 ans.

« Paris sera la fin pour moi. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour terminer là-bas. Je finirai à Paris, en 2024, à la maison. J'ai deux chances pour réaliser l'exploit de remporter trois titres olympiques : Tokyo ou Paris. [...] Paris, ce serait la consécration. »

Alors en attendant les JO 2024 de Paris, nous souhaitons le meilleur à Teddy Riner !

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